L’outil RASP dans la réconciliation médicamenteuse des patients âgés?

20170804 visual abstract - RASP personnes âgées

Van der Linden L, Decoutere L, Walgraeve K, Milisen K, Flamaing J, Spriet I,
Tournoy J. Combined Use of the Rationalization of Home Medication by an Adjusted
STOPP in Older Patients (RASP) List and a Pharmacist-Led Medication Review in
Very Old Inpatients: Impact on Quality of Prescribing and Clinical Outcome. Drugs
Aging. 2017 Feb;34(2):123-133.

Ce que cette étude nous apprend

  • Étude quasi-randomisée contrôlée réalisée sur des patients gériatriques dans un hôpital universitaire à Flanders en Belgique.
  • Échantillon de 172 patients admis entre décembre 2011 à août 2012 répartis comme tel: 81 patients dans le groupe contrôle et 91 patients dans le groupe intervention.
  • L’intervention du pharmacien clinicien consiste à effectuer la réconciliation médicamenteuse (équivalent au bilan comparatif des médicaments) en deux étapes à l’arrivée et à la sortie des patients. Durant la première étape, le pharmacien utilisait la liste RASP (Rationalization of home medication by an Adjusted STOPP in older Patients), une liste basée sur les critères STOPP. La seconde étape permet d’aller plus loin dans la revue de la médication en s’attardant davantage sur les traitements non appropriés (p. ex. patients sur ou sous-traités). Les recommandations des pharmaciens sont ensuite rapportées aux médecins et un suivi est réalisé après un et trois mois suivant le congé. Le groupe contrôle était pris en charge par un gériatre qui n’était pas au courant du protocole de l’étude.
  • Dans le groupe intervention, plus de 18% de médicaments ont été arrêtés ou réduits de dose comparé aux médicaments du groupe contrôle.
  • Le nombre médian de médicaments potentiellement inappropriés qui ont été arrêtés et non ré-initiés au congé est plus élevé dans le groupe intervention; nombre médian de médicaments de la liste RASP prescrit au congé: 0,5 médicaments potentiellement inappropriés contre 2 dans le groupe contrôle (p < 0,001).
  • Le ratio du nombre de médicaments au congé sur le nombre de médicaments à l’admission n’est pas significativement différent entre les deux groupes.
  • Le ratio de mortalité mesuré durant l’hospitalisation et à trois mois après le congé n’est pas significativement différent d’un groupe à l’autre : 6,7 contre 7,5 dans le groupe contrôle.
  • Le nombre de ré-hospitalisations n’est pas significativement différent d’un groupe à l’autre. Cependant, le nombre de patients qui se sont présentés aux urgences sans ré-hospitalisation est plus bas dans le groupe intervention (1/87) que dans le groupe contrôle (7/79) (p=0,021).
  • La qualité de vie mesurée avec l’index Eq-5D est meilleure dans le groupe intervention que dans le groupe contrôle (0,358 contre 0,294, p = 0,008).

Ce que nous savions déjà

  • Le rôle et les retombées du pharmacien en gériatrie sont relativement bien documentés. Plusieurs études ont été publiés sur la prise en charge des patients gériatriques par le pharmacien PMID11443021PMID17493184PMID22642783
  • On peut consulter le site Impact Pharmacie et la fiche synthèse sur la gériatrie.

Ce qu’on se pose comme question

  • Quel est l’effet de l’intervention à plus long terme?
  • Cette pratique pourrait-elle être applicable en pharmacie communautaire?
  • Quel serait le résultat d’une comparaison de la mesure de la qualité de vie si elle était évaluée avant et après l’intervention pour un même patient?
  • L’outil RASP est il plus efficace que l’outil STOPP ? Un des deux outils est-il à privilégier ?
  • Quel est l’impact économique de l’intervention?

Ce que vous pouvez notamment faire

  • Utiliser les critères STOPP/START lors de la révision de la pharmacothérapie des patients âgés.
  • Ne pas hésiter à faire ses recommandations aux médecins.
  • Faire le suivi des patients âgés, particulièrement s’ils ont un médicament potentiellement inapproprié dans leur pharmacothérapie.

Auteur : Sarah Pelletier, Éléonore Ferrand

Création : 3 août 2017

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